lundi 2 mai 2016

Du sens de la dérisoire, mais significative, bulle Macron

Du sens de la dérisoire, mais significative, bulle Macron

Le ministre de l'économie est devenu un véritable centre d'attention et d'attraction pour les médias, entre lancement de son mouvement, les échanges de petites phrases au sommet de l'Etat, et sondage faisant d'Emmanuel Macron un président idéal. Retour sur cette bulle médiatique.



Un nouvel Icare politique ?

Bien sûr, il faut relativiser le bruit médiatique autour du ministre de l'économie. Notre vie politique a connu bien des étoiles filantes, retombées dans l'oubli, Michel Noir, Edouard Balladur, favori de l'élection de 1995, ou même Dominique de Villepin. Côté Parti Socialiste, Michel Rocard n'a jamais pu se présenter à l'élection présidentielle, Jacques Delors n'y est jamais allé et DSK a vu son parcours interrompu. Il faut donc remettre à place la fièvre des derniers mois, même si elle prend des proportions assez incroyables. Difficile de savoir si l'inconscient, ennivré par sa couverture médiatique et quelques sondages, découvre son jeu de manière assez inconsidérée, au point d'affaiblir celui qui l'a mis là où il est, ou s'il joue un rôle précis dans le jeu du président sortant pour tenter d'échapper à la bérézina en 2017.

D'abord, il est assez navrant que le débat politique se centre à ce point sur des petites phrases et sur les commentaires des commentaires, oubliant tellement le fond. Le cirque médiatique se concentre sur l'écume des jours, oubliant de se pencher sur les courants si forts qui agitent nos sociétés. Et il est symptomatique qu'Emmanuel Macron devienne la coqueluche médiatique d'un monde si creux, lui qui l'a été tellement pour le lancement de son mouvement. Quand la politique se résume à capter l'air du temps et le suivre, sans jamais se poser des questions plus fondamentales sur ce que doit être la politique : réfléchir au fond des choses en ne se contentant pas de survoler un seul point de vue, et proposer une direction claire et cohérente, pouvant remettre en cause les préjugés de notre époque.

De manière intéressante, les média ont beaucoup parlé d'un sondage aussi superficiel que biaisé réalisé pour Europe 1, radio ultralibérale s'il en est. Bien sûr, 57% des Français soutiennent qu'il doit « réformer le pays en profondeur quitte à diviser et provoquer des mouvements sociaux ». Il n'est pas inintéressant que ce sondage ne parle que de forme et pas de fond. Il devrait avoir une expérience dans le privé, avoir aussi un mandat local, autour de 50 ans, et parler anglais. En clair, ils ont choisi des questions dont on connaît déjà les réponses… Certains média ont tiré de ce sondage digne d'un casting de téléréalité que les Français voudraient de Macron, Valls ou Le Maire. Le pire est que le niveau désastreux de notre classe politique pourrait bien pousser à des choix purement basés sur la forme…


D'une part, il faut relativiser l'excitation médiatique assez dérisoire autour d'Emmanuel Macron, qui pourrait disparaître du paysage d'ici une année. Mais dans une époque complexe, superficielle et un peu perdue, on peut aussi craindre qu'à court terme, nous ne soyons pas capables d'aller plus loin.

Aucun commentaire: